La Ligue des droits de l’homme (LDH) a déposé une plainte visant Apple auprès du parquet de Paris, concernant la collecte d’enregistrements via son assistant vocal Siri. Cette action repose sur les informations fournies par un ancien employé, devenu lanceur d’alerte, qui a révélé des pratiques jugées intrusives par la LDH.
Un contexte international tendu
Cette démarche en France coïncide avec une décision attendue en Californie concernant une action collective contre Apple. Les plaignants américains affirment que leurs conversations ont été enregistrées sans consentement, et utilisées à des fins commerciales depuis 2014. Bien qu’Apple réfute ces accusations, la société a proposé un fonds de 95 millions de dollars pour indemniser les utilisateurs américains concernés, si l’accord est approuvé par la justice.
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Des révélations troublantes
En France, la plainte repose sur le témoignage de Thomas Le Bonniec, ancien employé de Globe Technical Services en Irlande. Il décrit un vaste projet de collecte et d’analyse de données vocales visant à perfectionner Siri. Les employés, comme Le Bonniec, écoutaient des milliers d’enregistrements quotidiens, souvent sans que les utilisateurs en soient conscients.
Des pratiques contestées
Le processus consistait à vérifier et corriger les transcriptions des conversations captées par Siri, incluant des interactions déclenchées par erreur. Les analystes devaient aussi étiqueter les données personnelles, associant par exemple des contacts à des mots-clés utilisés dans les enregistrements. Ce système, selon la plainte, contrevient au Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui exige un consentement explicite des utilisateurs.
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Des contenus intimes révélés
Thomas Le Bonniec rapporte avoir été exposé à des conversations très personnelles et parfois choquantes, touchant à la santé, la politique, voire des moments d’intimité. Ces écoutes, bien que destinées à améliorer les performances de Siri, soulèvent de sérieuses questions éthiques et légales.
Réactions et implications
Malgré les signalements de Le Bonniec, aucune enquête approfondie n’a été menée par les autorités européennes de protection des données. En 2019, Apple a cessé d’utiliser des sous-traitants pour l’analyse de Siri et s’est engagé à ne conserver aucun enregistrement sans consentement explicite des utilisateurs. La firme insiste sur le fait que les données ne sont pas utilisées à des fins de marketing.
Un débat persistant
Certains utilisateurs restent sceptiques, convaincus que leurs appareils Apple captent leurs discussions pour cibler des publicités. Jérôme, un utilisateur français, raconte comment une conversation privée a semblé influencer le contenu sponsorisé sur son application Instagram, illustrant le doute persistant sur l’utilisation des données par Apple.
Perspectives d’avenir
Luc Julia, co-créateur de Siri, souligne que l’amélioration du service nécessite une intervention humaine, mais nie que cela serve à des fins publicitaires. Il insiste sur le fait que l’objectif d’Apple est d’enrichir l’expérience utilisateur, et non de créer des profils marketing, bien que les préoccupations sur la vie privée demeurent.