Le 6 mars marque un jalon significatif pour l’Europe en matière d’indépendance spatiale. À 17h24, heure de Paris, la fusée Ariane 6 s’élancera depuis Kourou, en Guyane, pour inaugurer son premier vol commercial. À son bord, un satellite militaire d’observation, destiné à l’armée française, prendra son envol. Cette mission est d’une importance capitale, car elle mettra en orbite le satellite CSO-3, renforçant ainsi les capacités de défense européennes dans le domaine spatial. Ce satellite viendra s’ajouter à une mini-constellation déjà en activité, composée des CSO-1 et CSO-2, lancés il y a respectivement cinq et sept ans. La série CSO, pour Composante Spatiale Optique, est dédiée à la surveillance de la Terre à des fins sécuritaires.
Les satellites CSO sont conçus pour fournir des images d’une très haute précision, aussi bien en plein jour que dans l’obscurité, en capturant des détails visibles et infrarouges. Grâce à eux, il est possible de détecter des sources de chaleur, une présence humaine, ou les traces récentes de véhicules et d’aéronefs. Ils jouent également un rôle crucial dans la cartographie militaire, offrant des vues en trois dimensions d’une précision remarquable. En Europe, seules la France et l’Italie possèdent ce type de satellites militaires, avec un total de sept unités, tandis que les États-Unis et la Chine en comptent des centaines.
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Récupération de l’indépendance spatiale européenne
Ce vol inaugure une nouvelle ère pour l’Europe en lui redonnant son indépendance d’accès à l’espace, perdue après l’arrêt d’Ariane 5 en 2023. Les Européens ont également dû faire face à la perte de l’accès aux fusées Soyouz russes suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022. Cette autonomie est essentielle pour le lancement non seulement de satellites militaires, mais aussi de ceux dédiés à la communication, la géolocalisation, la météorologie ou la recherche scientifique. Le soir du lancement, Ariane 6 devra prouver sa solidité sur le marché commercial.
Sur le plan économique, Ariane 6 adopte une approche différente de celle de SpaceX. Les lancements ne seront ni aussi fréquents, ni aussi économiques que ceux de la firme d’Elon Musk, dont les fusées sont partiellement réutilisables. Néanmoins, avec une trentaine de lancements déjà programmés, le lanceur européen affiche un carnet de commandes prometteur qui témoigne de sa compétitivité.
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